Retrouvez chaque mois l’histoire d’une typographie qui a marqué une époque. Pour ce numéro 5 de Fontologist, lumière sur la Cooper Black.
Oswald Bruce Cooper, le papa de la Cooper Black
Oswald Bruce Cooper s’inscrit en 1899 à l’école Franck Holme’s School of Illustration avec pour objectif de devenir illustrateur. L’école peut compter sur des professeurs à la renommé internationale, comme Frédéric W. Goudy, un des concepteurs de caractères typographiques les plus productifs des États-Unis.
Avec comme mentor de telles références, Cooper abandonne l’illustration et s’engage pleinement dans la discipline du lettrage et du graphisme. Il deviendra par la suite lui-même professeur à la Franck Holme’s School of Illustration. Durant son parcours scolaire, il se liera d’amitié avec un certain Fred Bertsch qui gère une entreprise de services artistiques à quelques pas de son école.
La genèse de la Cooper Black
Du fruit de leur amitié naitra en 1904 Bertsch & Cooper, une entreprise qui effectuera ses premiers travaux pour le compte de clients locaux. La notoriété grandissante, ils se chargeront par la suite de projets plus ambitieux à l’échelle nationale.
Leurs travaux commencent à être reconnus. La fonderie typographique Barnhart Brothers & Spindler (BB&S) remarque le travail de Cooper et lui propose de réaliser une famille de caractère. Cooper acceptera le défi. En 1918 il crée une police romaine avec des empattements arrondis, original pour une époque d’avantage habituée aux empattements anguleux. Le style est trouvé, le nom aussi : cette nouvelle typographie sera baptisée sobrement Cooper.
Oswald créera deux ans plus tard la Cooper Black. Évolution de la Cooper, les empattements sont revus et grossis pour un résultat plus lourd, aussi bien dans son design que dans son poids. La fonte en métal de 120 points comprenant l’alphabet complet pesait plus de 40 kilos.
Une police de caractères incontournable
Cooper black est devenu la police la plus vendue du catalogue de BB&S, et elle a lancé la mode des polices de caractères noires chez ses concurrents, notamment un modèle qui manque tristement d’originalité, Goudy Heavyface, créé par l’ancien professeur de Cooper.
Le succès de Cooper Black est au rendez-vous. Elle devient la police la plus vendue du catalogue de la fonderie BB&S. Elle marquera une nouvelle ère dans l’utilisation des polices “Black”. L’engouement se faisant sentir, des concurrents réaliseront leur propre version avec moins d’originalité, comme la Goudy Heavyface. Comble de l’histoire, cette typographie aura été dessinée et conçue… Par l’ancien professeur de Cooper.
La fin d’une époque
C’est dans le secteur de la publicité que connaîtra véritablement le succès de la Cooper Black au début des années 1920. En 1924 Oswald fait évoluer sa typographique en lui incluant un jeu de caractères italiques.
Cooper Black et sa version italique connaîtront une véritable popularité dans les années 1930. Néanmoins, de nouvelles polices de caractères voient le jour à cette époque. Le courant Helvetic est le nouveau terrain de jeu des graphistes de l’époque. Ceux-ci délaissent peu à peu la Cooper Black pour Futura, Univers ou encore, l’indémodable Helvetica, dans les années 1960 – 1970.
Une brève résurrection a eu lieu ces dernières décennies dans le domaine de la publicité. Quelques créatifs ont su exploiter cette typographie pour lui redonner un nouvel élan. Le choix de la Cooper par défaut de certaines enseignes de magasins, ont fini par entériner cette police dans les années 1980.
Cooper Black, la résurrection !
À l’aube du nouveau millénaire, Cooper Black a connu un regain d’intérêt. Le travail des reprises comme Oz Black de Patrick Giasson en 1999 et Rosemary de Chank Diesel en 2000 ont contribué à sa résurrection.
Bénéficiant d’une réelle force visuelle, Cooper Black dégage, par ses courbes généreuses et rassurantes, une certaine nostalgie d’une époque passée. Elle est désormais utilisée par certaines marques comme par exemple, Easy Jet véhiculant une image réconfortante et accessible et par The Kooples pour l’image Rock qu’elle évoque.
En savoir plus
Pour en savoir plus sur l’histoire de la Cooper Black ainsi que sur ses usages à travers les époques, je vous propose la vidéo de David Rault consacrée à cette police de caractères.
